“Le plus important, c’est d’éduquer nos enfants à la citoyenneté”
Cette année, une nouvelle appellation pour la tutelle ministérielle qui prend en charge les affaires féminines : Ministère du développement social et nouveau thème totalement différent des quatre campagnes de sensibilisation précédentes.
Après avoir brisé le silence sur la question de la violence faite aux femmes, relevé les différents types de violence et les régions où elles sévissent grâce au numéro vert 080008888, aux centres d’écoute et aux ONG, implanté aux quatre coins du Maroc des structures d’accueil, d’information et d’orientation pour les femmes victimes de violences, ratifié l’ensemble des conventions internationales dont le plan Beijing, impliqué la sûreté nationale et le ministère de la justice…, lutté pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias, opté pour l’installation de points focaux genre dans les différents départements ministériels et l’intégration de l’approche genre dans toutes les politiques de développement, l’installation de micro crédits et l’INDH, et, l’étude d’un projet de loi contre la violence à l’égard des femmes, cette 5éme campagne prend pour cible les jeunes.
Si l’on considère l’année 2006, 87.9 % des formes de violence (97 %) étaient d’ordre conjugal. Pour ce qui est des statistiques de cette année, relatives aux centres d’écoute, les résultats seront communiqués le 30 de ce mois dans le cadre de la célébration de cette journée.
Pour avoir plus de renseignements sur la question de la violence, on a contacté Mme Naima Benyahia, directrice des affaires féminines. Par Bouteina BENNANI
L’année dernière, le thème de la journée nationale contre la violence à l’égard des femmes était : « Vers un projet de loi contre la violence à l’égard des femmes », qu’en est-il ?
Mme Naïma Benyahia : Pour ce projet de loi, il était question de former un groupe d’experts et de représentants d’associations. Un appel a été lancé pour une concertation plus approfondie, qui a donné lieu à un projet de loi revu par un groupe d’experts. Une fois passé par le ministère de la Justice, le projet de loi est actuellement au secrétariat général du gouvernement.
Pourquoi cibler les jeunes dans cette campagne cette année ?
Mme N. B. : Le Royaume du Maroc est considéré dans le monde arabe comme l’un des pionniers dans le domaine de lutte contre la violence faite aux femmes. Le Maroc a franchi un grand pas dans le domaine de la violence à l’égard des femmes. On remarque, d’année en année, une évolution palpable même en ce qui concerne le choix des thèmes des compagnes. La première campagne a permis de briser le silence sur ce fléau. On a commencé à en parler et les ONG et les centres d’écoute ont recelé un plus grand nombre de victimes de violence, dès l’annonce de la campagne, ce qui montre la sensibilisation par tous les citoyens à ce problème. La deuxième campagne avait également pour thème « Non à la violence à l’égard des femmes », mais constituait le moyen le plus sûr d’informer et de sensibiliser la société sur la question. Chaque année, un thème s’impose. Et la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes, à travers l’intégration de l’approche genre dans toutes les politiques de développement est une grande réalisation au Maroc. La violence ne reflète pas nos vraies valeurs et va à l’encontre de notre religion qui prône la dignité et préserve les droits des femmes.
Revenons au choix du thème. S’il y a une volonté politique et que nos jeunes sont conscients de tous les problèmes sociétaux au Maroc, c’est qu’il faudrait inculquer dés l’enfance certaines notions fondamentales de droits qui pourraient nous préserver de bien des problèmes à l’âge adulte Tout est question d’éducation et de mentalité. Ce qui est encré dans les cerveaux depuis des décennies ne peut être changé en deux ou trois années. En parlant d’éducation, c’est surtout l’éducation à la citoyenneté. On devrait apprendre aux enfants à aimer leur pays pour pouvoir faire face à tous les problèmes sociaux.
Quels efforts ont été fournis dans ce cadre socio-éducatif ?
Mme N. B. : Plusieurs efforts ont été déployés par les différents secteurs ministériels, les organisations des droits de l’homme par l’intégration par certains notions des droits internationaux dans les manuels scolaires du primaire jusqu’au secondaire. Notre travail au sein du ministère se fait en plusieurs chantiers. Le volet concernant l’éducation sur les droits de l’homme et l’égalité des sexes vise également à changer les mentalités et l’image négative sur la femme.
Faisant partie du Secrétariat d’Etat chargé de la famille, de l’enfance et des personnes handicapées, le dossier de la femme concerne actuellement le ministère du développement humain ?
Mme N. B. : En parlant de la violence à l’égard des femmes, c’est tout un tas de problèmes socio-économiques et psychologiques qui émergent. Le gouvernement actuel a donné une solution à ces problèmes en intégrant le dossier de la femme au niveau du ministère du développement social. Et le développement de la société ne peut être prospère et s’opérer que si la femme bénéficie de tous ses droits. Une fois l’équilibre et l’équité entre les deux moitiés de la société installée, le partage des responsabilités ancrées dans les esprits, la violence diminuerait à coup sûr.
Source: lopinion,maroc