Le Maroc, pays «abolitionniste de fait», s'abstiendra lors du vote, le 16 décembre, d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU instituant un moratoire de la peine de mort.
Le Maroc ne se prononcera pas contre la peine de mort lors du prochain vote par l'Assemblée générale des Nations unies d'une résolution visant à instituer un moratoire de la peine capitale. L'annonce a été faite, mardi, par le ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, devant la Chambre des conseillers.
«Il y a débat au Maroc entre les abolitionnistes et les partisans du maintien de la peine de mort. Nous nous abstiendrons car nous ne sommes pas encore arrivés à trancher», a déclaré M. Radi.
«On ne peut pas improviser des positions du jour au lendemain sur ce genre de questions», a-t-il ajouté. Le ministre a néanmoins précisé que des discussions sont en cours avec des ONG marocaines abolitionnistes, mais également avec des pays arabes et musulmans sur cette question.
«Actuellement au Maroc, il n'y a consensus ni sur l'abolition ni sur le maintien de la peine de mort», a souligné M. Radi. Mais «le Maroc a une ferme volonté de faire en sorte que les tribunaux ne prononcent plus ce genre de verdicts qui n'est plus accepté», a déclaré le ministre, ajoutant que depuis 1973, seules deux condamnations à mort ont été exécutées, la dernière il y a 14 ans. À noter que «le nombre de Marocains condamnés à cette peine s'élève actuellement à 125 personnes», a-t-il précisé. Par ailleurs, la résolution qui sera votée le 16 décembre par l'Assemblée générale de l'ONU avait été adoptée en commission en novembre. Elle engage tous les Etats qui pratiquent la peine capitale «à instituer un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort». Un réseau d'ONG marocaines réclame régulièrement l'abolition de la peine de mort. Le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) avait soutenu cette demande. La position du Maroc par rapport à la peine de mort «reste, à plusieurs égards, ambiguë», juge un récent rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH). Le rapport publié au terme d'une mission d'enquête sur la situation de la peine de mort au Maroc, estime que «d'un côté, les tribunaux continuent à prononcer la peine de mort pour des actes de terrorisme comme pour des crimes de droit commun». De l'autre côté, précise le même document, plusieurs manifestations publiques sur la peine de mort ont pu être organisées «avec succès, bénéficiant notamment d'une large couverture médiatique».
De même, souligne-t-on auprès de cette organisation qui regroupe quelque 155 organisation de défense des droits de l'Homme à travers le monde, plusieurs déclarations émanant de représentants des autorités ainsi que du Conseil consultatif des droits de l'Homme,CCDH, sur «une très probable et imminente abolition» ont été faites au cours des dernières années. «Nous souhaitons que la peine de mort soit abolie (...) et, qu'avec le soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l'interdiction absolue de la peine capitale soit inscrite dans la Constitution», avait déclaré en mars dernier l'ancien président du CCDH, Driss Benzekri, décédé le 20 mai. De même, d'autres acteurs concernés par la question à l'échelle de notre pays, notamment les parlementaires et la société civile, «se sont ouverts au débat sur ce sujet qui, aujourd'hui, ne semble plus tabou», souligne le rapport de l'ONG.
L'organisation note en ce sens, des «développements encourageants» et une «mobilisation croissante» de la société civile au sein de notre pays. En outre, au Maroc aucune personne n'a été exécutée depuis 1993, ce qui en fait un pays «abolitionniste de fait».
Source: aujourdhui,maroc